1094832_credit_crunchLes PME et ETI françaises doivent se préparer à un nouveau credit crunch. D’après nos entretiens avec les dirigeants d’entreprises, responsables de banques et d’organisations patronales de notre réseau, les entrepreneurs doivent se préparer à une situation similaire à celle de 2008, voire plus grave.

Ce credit crunch naissant est bien sûr provoqué par la crise de l’euro, qui pousse les banques à réduire leur offre de crédit, particulièrement aux PME et ETI, déjà mal servies par un système bancaire trop concentré et peu concurrentiel. De plus, nous craignons que cette tendance persiste au-delà de la crise actuelle.

C’est donc un tiers du financement bancaire aux entreprises qui disparaîtrait en quelques mois.

Ce credit crunch se caractérisera par un flight to quality : il y aura encore du crédit, mais moins, et pour moins d’entreprises. Les grandes entreprises, les entreprises avec un bon scoring et celles qui pourront apporter des liquidités aux banques trouveront encore du crédit. Les autres, notamment PME et ETI, doivent se préparer à une disponibilité de crédit très réduite dans les prochaines années.  

Les entrepreneurs qui ont des besoins de financement ont tout intérêt à rechercher dès maintenant des solutions autres que le crédit “classique”; ceux qui se croient à l’abri parce qu’ils ont déjà des crédits bancaires doivent se préparer à ne pas les voir renouvelés.

Quelles sont ces solutions ? Principalement deux : l’augmentation des fonds propres et le développement de sources alternatives de financement.

Les moyens d’augmenter les fonds propres sont connus :

  • La mise en réserve des résultats. Cette mise en réserve ne servira pas seulement à maintenir plus de trésorerie dans l’entreprise mais également à renforcer les fonds propres pour améliorer le scoring bancaire.

  • L’appel aux investisseurs, de préférence de long terme, mais qui pose la question de la sortie.

  • L’introduction en bourse, option que Melcion Chassagne & Cie recommande rarement à ses clients mais qui mérite d’être évaluée aujourd’hui plutôt que de se retrouver sans autre possibilité de financement.

Il existe également des sources alternatives de financement peu connues des PME et ETI :

  • De plus en plus d’entreprises peuvent émettre des obligations sur les marchés. Le marché BondM de Stuttgart autorise des émissions obligataires d’ETI dont les actions ne sont pas cotées. Ce marché, qui fait appel aux investisseurs individuels, a permis de lever plus d’1 milliard d’euros en un an et des initiatives pour l’imiter naissent à Francfort, Hambourg et Munich. Ces marchés, plus ouverts et liquides que les marchés français, sont ouverts aux entreprises françaises.

  • En France, commencent à naître des émissions obligataires groupées. Un fonds conçu par Accola (mis en oeuvre par la banque Martin-Maurel, Portzamparc Gestion et CM-CIC Securities à l'initiative de Middlenext et soutenu par le Medef) permettrait à 20 sociétés de lever 400 millions d’euros.

  • Le fonds OC+, issu du Grand emprunt, qui investit dans des émissions d’obligations convertibles avec bons de souscriptions d’actions (BSA) de PME et ETI. Il est doté de 360 millions d’euros et géré par CDC Entreprises et Avenir Entreprises pour le compte du Fonds Stratégique d’Investissement.

  • Certaines régions envisagent de mettre en place des fonds obligataires pour pallier l'absence de marché organisé par la place financière de Paris.

D’autres solutions de ce type mériteraient d’être développées notamment dans le domaine des prêts structurés et de l’asset based lending (ABL).

CONCLUSION :

  • Les entrepreneurs doivent se préparer à un credit crunch, trouver leurs financements maintenant, et explorer des sources de financement non-bancaire.

  • Ceux qui les soutiennent doivent les aider dans cet effort et développer les sources alternatives de financement.